
Jeudi 18 septembre 2025, 14h : je rentre de chez Marie. On a mangé ensemble ce midi. J’ai l’ambition d’aller nager à la piscine d’Echirolles sur le chemin du retour mais mon ventre me tire et me fait mal. J’opte pour l’arrêt « dernière course pour l’accouchement » à Vif. Pompote, jus de fruit, gâteaux et cotons. Ça y est baby, tu peux définitivement arriver quand tu veux !
A la maison je me pose dans le lit avec un petit épisode de Greys anatomie (définitivement ma série de grossesse !). 2h plus tard, toujours au chaud sous la couette, Marion m’appelle : « J’ai eu ma nouvelle affectation au boulot… ». Et là je sens un liquide couler entre mes jambes. J’ai dû me faire pipi dessus… Ce serait bien la première fois, allongée dans un lit, mais bon sait-on jamais. Toujours au téléphone je me lève en direction des WC. Marion me demande :
- Et toi comment ça va la grossesse ?
- Et bien justement je crois que je viens de perdre les eaux !
- Quoi ?
- Ça me coule entre les jambes, je ne sais pas si c’est du pipi où la poche des eaux ?! Attends je te rappelle !
Je passe de la sdb au WC… non mais définitivement je ne peux pas avoir autant d’urine ! Je donne alors le coup de fil cliché de tous les films : « chéri j’ai rompu la poche des eaux ! »
On sait qu’on a le temps de partir à la maternité et heureusement, le sac n’est pas du tout terminé ! C’est qu’on arrive à peine à la fin de la 37ème semaine ! On boucle les valises, je monte dans mon carrosse option « fauteuil bâché », direction la maternité ! Dans la voiture on est tout excité ! Mon dieu on va à la mat’ !
On arrive à 19h30 à l’interphone. La sage-femme fait le test de la bandelette pour le protocole mais pas de doute la poche a bien rompue ! On est installé en chambre 111, monitoring et antibiotiques toutes les 4h. L’aventure commence !
Je ressens quelques contractions mais rien d’insurmontable. Je mets des réveils pour aller aux examens. Je me rendors difficilement entre chaque, les légères contractions n’aidant pas. 00h, 4h, 8h, 12h… Bébé va très bien, elle supporte bien le début du travail.
Le lendemain, je me repose sans arriver à dormir. Trop d’adrénaline ! Je passe la journée du vendredi allongée. L’objectif est de me reposer un maximum, on ne sait pas combien de temps va prendre la mise en place du « vrai travail ». Je ressens toujours des petites contractions.
Vendredi soir 18h, petit point avec Julie, ma copine sage-femme présente ce jour-là. Elle m’examine. Je suis ouverte à 1,5cm (oui le demi-centimètre compte beaucoup dans ces moments-là !). J’ai deux options : attendre que le travail augmente naturellement (en sachant que 48h après avoir rompu la poche des eaux, l’équipe médicale peux demander à faire un déclenchement) ou donner un petit coup de pouce en faisant un décollement des membranes (sans avoir la certitude que cela fonctionne). Je prends l’option 2.
Le décollement n’est pas agréable mais rapide.
À 20h je sens que les vrais contractions arrivent. Je mange un bon plateau repas et je me pose pour profiter au maximum de mes dernières heures de sommeils.
21h, allongée sur le côté, calée dans mon coussin d’allaitement, je gère les premières grosses contractions. Je prends des grandes inspirations et je souffle fort. Je m’imagine à la montagne, sentant l’air frais passer dans mes poumons. Dans ma tête je me dis « ça y est la course en montagne commence. Accroche toi, tu n’es pas encore sortie de ton duvet au chaud dans le refuge ».
2h du matin je fais du ballon la tête posée sur le lit. Les contractions sont intenses mais gérables. Vic est étendu sur le lit et me donne la main que je serre fort à chaque contraction.
À 6h ça s’intensifie. Je vais sonner en salle de naissance. On m’examine. Je suis dilatée à 3cm. Le col est court mais encore présent. Mentalement ça fait du bien de me dire que les contractions activent le col ! Je repars en chambre, motivée. Point prévu avec l’équipe de jour à 10h.
Vers 8h les contractions s’intensifient. Je suis sur le ballon, c’est dur. Je suis fatiguée. J’ai une baisse de moral. Dans ma tête, je suis encore dans le refuge. Je n’ai même pas entamé la marche d’approche pour arriver au pied de la montagne.
Je vais au point de 10h. Marta et Noémie m’accueillent et… je fonds en larmes. J’ai l’impression que je ne vais jamais y arriver. Ça fait déjà 40h que je suis arrivée à la maternité dont deux nuits blanches et 15h de travail. La fatigue est en train de prendre le dessus.
On m’explique qu’un point a eu lieu avec le médecin : il veut bien me laisser plus de temps si je souhaite rester dans mon projet de naissance physiologique. Passé 48h, un déclenchement devra être fait.
A l’examen la sage-femme me dit qu’une des poches des eaux n’est pas encore rompue. On peut le faire pour activer le travail.
- Ok mais avec une péridurale !
Je demande une péridurale déambulatoire. Je sens qu’il est temps de changer mon fusil d’épaule et surtout de m’écouter ! Vic est étonné de ce retournement, moi qui rêvait d’un accouchement physiologique, mais il me suis sans poser de questions.
On nous installe en salle de naissance. L’anesthésiste est sympa et efficace. J’ai une petite pompe que je peux activer toutes les 10min pour ré-injecter du produit. Noémie me rompt la dernière poche des eaux et m’explique qu’on se donne 2h pour que le travail s’intensifie « naturellement ».
Pendant l’heure qui suit : je me repose ! Soulagement ! Après 15h de travail, je peux enfin souffler. J’arrive même à dormir 30min.
À 13h Noémie débarque :
- Les contractions ne sont toujours pas régulières. On va passer au déclenchement avec syntho.
On me place le pousse seringue. Je suis d’attaque, prête à re-ressentir les contractions. J’ai envie d’un travail actif. Avec Vic, on se met en place, on forme une équipe. Je retourne sur le ballon, m’étirant pendant les contractions. On fait des exercices au sol, à quatre pattes, debout. Je m’agrippe à Vic. On met en place tout ce qu’on a vu pendant les cours à l’accouchement. La respiration et l’image d’une vague qui me traverse me sont les plus utiles. Ça y est je suis bien sortie du refuge et j’attaque la montée vers le sommet ! Le côté gauche m’est le plus douloureux. Les contractions sont régulières, toutes les deux minutes. À 17h on fait le point : je suis dilaté à 6cm, voir 8cm pendant les contractions ! Youhouuuu !
Je demande à me remettre sur la table. Mes jambes sont flageolantes après 5h de mobilisation sous péri. Noémie m’allonge sur le côté gauche, presque sur le ventre, bassin ouvert. Je sens que cette position m’ouvre le bassin. Et là, doucement, je sens bébé descendre. L’intensité des contractions est moins forte. Je n’ai presque plus besoin de souffler. Je sens rapidement bébé « dans mes fesses ». Noémie m’examine.
- La tête n’est vraiment pas loin !
Je pleure déjà de cette future rencontre !
Noémie s’équipe, Marta m’aide à me tourner sur le côté, position que je choisis. Je sens que mon sacrum coince la descente de bébé. Je me tourne encore plus, libérant le centimètre permettant ce passage. Je ressens ces sensations !
Je demande à pousser sans bloquer l’air.
Noémie m’explique que ma poussée est efficace mais que je peux souffler un peu moins pour permettre à l’air de mes poumons d’appuyer vers le bas. Vic trouve une paille dans la salle. C’est partie pour pousser avec une paille de jus de pomme !
À chaque poussée je sens bébé avancer de plus en plus. On me fait toucher sa tête et on me montre plusieurs fois avec un miroir sa progression. C’est fou, elle arrive et elle a plein de cheveux !
Je pousse une dernière fois. Sa tête sort. Noémie libère le cordon autour de son cou et je peux venir attraper notre petite fille sous les bras. Je la mets entre Vic et moi. Je pleure. Je tremble. Je ris. Le monde explose et prend tout son sens. Je me prends la plus belle vague d’amour de ma vie ! (J’en pleure encore en écrivant ce texte). Bienvenue à notre petite Billie. 3140kg d’amour ! Que la vie est belle !
Tina