Gaston le 18 avril 2015

gastonIl est 15h en ce 17 avril 2015. Je m'apprête à faire une petite sieste lorsque je sens quelque chose d'étrange... Je pense à la poche des eaux... Se peut-il qu'elle se soit fissurée ? Je ne veux même pas y penser ! Là, c'est l'heure de ma sieste alors je mets ça de côté et je sombre pour 2 bonnes heures de repos. Pour l'arrivée de ce deuxième bébé je veux être prête, ce qui implique d'être en forme ! Vers 17h j'émerge. Clémentine joue avec sa grand-mère en bas. Je descends les rejoindre. Nous profitons de cette fin d'après-midi en jouant, en chantant des comptines, en rangeant un peu la maison jusqu'à l'arrivée du papa vers 19h. C'est vers cette heure-là que je me suis rendue à l’évidence : la poche des eaux devait bien s'être fissurée... J'étais désespérée ! Le scénario de la naissance de Clémentine n'allait quand même pas se répéter...! J’avais quelques contractions mais pas vraiment plus intenses que celles qui m’accompagnaient depuis ces 3 dernières semaines et surtout, je n’avais pas tellement l’impression qu’elles étaient régulières ou rapprochées... En tous cas, cette fois je savais ce que j'avais à faire : RIEN! En l'absence de contractions intenses, j'ai poursuivi mes occupations de la soirée. Vers 20h j'ai quand même prévenu Nico que nous allions certainement devoir partir pour la clinique dans la nuit. Nous avons donc rassemblé les sacs afin d'être prêt le moment venu puis nous avons fait un tout petit tour sous la pluie avant de nous coucher. Je rêvais de cette balade mais mon corps était finalement trop fatigué pour que nous prolongions ce moment délicieux... J’avais le bassin lourd et je sentais que quelque chose se réveillait dans mon ventre... Les contractions étaient là. Pas tellement intenses mais lorsque j’étais allongée, elles se faisaient plus sentir. J'ai recherché la détente avec la respiration de la vague et j’ai pu m’assoupir quelques minutes par-ci, par-là. Vers 1h30 j’ai eu besoin de m’activer. Je me sentais mal allongée. J’ai hésité à réveiller Nico n’étant pas sûre que le travail avait réellement commencé. Je ne sais pas vraiment pourquoi, je sentais qu’il ne fallait quand même pas traîner. J’ai donc réveillé Nico, nous avons rassemblé les affaires, chargé la voiture et à 2h nous sommes partis en direction de la clinique mutualiste. Sur le trajet, les contractions se sont légèrement intensifiées tout en restant vraiment gérables. Je fermais les yeux lorsque j’en sentais une arriver et je lançais la respiration de la vague tout en visualisant l’ouverture de mon col. C’était facile ! Nous arrivions presque à la maternité lorsqu’une vague de déprime m’a soudainement envahie. Rien à voir avec l’excitation que j’avais ressentie lors de l’arrivée de Clémentine il y a 2 ans... Et je me suis mise à cogiter, à me dire “et si je n’arrivais pas à aller au bout sans péridurale, et si, et si, et si...” N’importe quoi ! J’ai chassé ces pensées inutiles de ma tête en me servant à nouveau de la respiration de la vague. Génial ! Ça marche ! Il était temps, nous arrivons à la clinique. Il est 2h30. Nous marchons jusqu’à l’entrée tranquillement. Je m’arrête une fois pour laisser passer une contraction. Nous montons au premier étage, par les escaliers et je m’applique à mobiliser mon bassin à chaque marche. Ça me fait du bien ! Une sage-femme nous accueille, je lui explique que j’ai perdu les eaux et que j’ai des contractions qui me semblent à présent bien installées (régulières et sans aucun doute efficaces !). Elle nous explique que 2 autres personnes sont déjà en travail et qu’ils sont en train de leur poser leur péridurale. Je lui dis tout de suite qu’ils n’auront sans doute pas à en poser une troisième... On nous accompagne dans une salle d’examen et nous attendons là le retour de la sage-femme. Je reste debout et je mobilise doucement mon bassin. Je ne sais pas dire si mon bébé est bas, c’est vraiment quelque chose que je ne sens pas. En revanche, je sens un poids sur mon sacrum et lorsque j’arrête de faire danser mon bassin, j’ai l’impression que toutes mes articulations s’ankylosent. Je ressens des pressions, des tiraillements de partout. Alors je retourne au mouvement. C’est presque naturel de bouger comme ça. Ça me détend vraiment ! Lorsqu’une contraction arrive, je continue à fermer les yeux, je m’appuie contre le mur ou contre Nico et je rappelle la vague de détente. Tout se passe très bien. La sage-femme revient et m’examine. Je lui dis que je me sens bien ouverte et que j’espère que je ne me trompe pas !... “Attendez, je vérifie parce que ça me semble bizarre... Non, c’est bien ça, vous êtes à 6 !” Alors ça c’est une excellente nouvelle ! Je lui dis quand même que je trouve ça étrange parce que j’ai l’impression que les contractions sont peu intenses et qu’elles ne durent que quelques secondes. Elle me répond qu’elles sont quand même d’une belle intensité et qu’elles durent bien 1mn30. Parfait ! Alors tout va bien, je reprends confiance, l’excitation revient. La sage-femme nous propose d’aller nous installer dans notre chambre avant de retourner en salle de travail. Je lui explique que je préfèrerais aller dans la salle nature maintenant. En effet, le changement de salle à un stade avancé de l’accouchement m’avait fait sortir de ma bulle lors de la naissance de Clémentine. J’aimerais vraiment pouvoir m’installer et ne plus bouger de l’endroit où je serai. Elle me conduit donc en salle nature. Il est 4h15. Une fois dans la salle, je fais le tour et je cherche l’Endroit où je me sentirai bien. J’installe les coussins, la lumière est tamisée, c’est très bien. Nico part quelques minutes avec la sage-femme pour poser nos affaires dans la chambre. C’est une fois seule que j’ai senti que les choses changeaient : jusqu’à maintenant, les contractions étaient tout à fait gérables et il me suffisait de fermer les yeux et de respirer tranquillement afin de laisser passer la contraction. Brusquement tout s’est emballé... Je ne tenais plus sur mes jambes et je ne savais plus comment me positionner. J’avais hâte que Nico revienne ! Finalement, à son retour, je m’étais écroulée sur un ballon, à genoux, la tête dans les bras. Je ne pouvais plus bouger. Je m’efforçais de relancer le souffle sitôt que je sentais que ma respiration se bloquait. Ça me soulageait mais je perdais facilement le fil. Nico me suggérait des outils que je saisissais volontiers : il se mettait à faire des sons, j’essayais de le suivre mais je n’arrivais qu’à émettre des râles... Je sentais que je n’étais pas loin de la panique et sitôt que je montais en pression, Nico me ramenait vers la détente et le lâcher prise avec des sons, des massages, son souffle... Je m’accrochais à tout ce qu’il me proposait jusqu’au moment où j’ai senti une pression très forte au niveau du sacrum. Mon bébé arrivait ! A partir de là, je ne me souviens plus que des sensations, je n’avais plus aucune image, j’étais complètement déconnectée de la réalité. Je me suis retrouvée sur un fauteuil en direction de la salle d’accouchement à pousser des cris libérateurs (les aigus sortaient tout seuls et me faisaient curieusement un bien fou !) et à m’excuser juste après (peut-être que la déconnection n’était pas totale malgré tout !...). Je suis arrivée sur la table d’accouchement mais je n’ai aucun souvenir de la façon dont je suis montée dessus ! Et là, je savais que je devais pousser. Je le sentais. Il y avait une telle pression dans mon bassin ! Mais à ce moment-là j’ai été saisie d’une peur intense. Un mélange de « et si je n’étais pas capable/ mais j’en peux plus !!/Mais je vais avoir vraiment trop mal ! ». Et puis tout s’est passé très vite dans un mélange de sensations à la fois douces et intenses. J’ai poussé mon bébé vers la sortie d’une façon un peu brouillonne et précipitée et en quelques secondes Gaston a pointé son nez. J’ai alors eu l’impression de me réveiller après avoir rêvé que je gravissais la montagne de ma vie et

J’ai découvert un tout petit bébé sur mon ventre apaisé, Mon tout petit. Quelle aventure ! Je suis tellement fière de nous ! Ce qui m’a vraiment aidée à aller jusqu’au bout, outre la rapidité de cet accouchement, c’est de me maintenir dans un certain lâcher prise grâce à la respiration de la vague, puis la respiration, tout court. Le fait de rester debout le plus longtemps possible et surtout dans le mouvement m’a aidée à me détendre et j’ai vraiment ressenti un certain bien-être à pratiquer le mouvement de l’infini dans tous les sens, à tous les étages de mon corps. Enfin, le fait de « connaître » et de pouvoir visualiser les étapes de l’accouchement et la descente de mon bébé m’ont permis de relativiser mes peurs, de me raccrocher à mes sensations et ma confiance pour pouvoir pousser notre petit Gaston jusqu’à nous. Un grand Merci Martine !

Stéphanie