Marius le 4 janvier 2015

La veille des premiers signes, le 2 janvier, j'ai eu la chance d'avoir une visite privée du Château de Bon Repos à Haute-Jarrie, grâce à une amie de ma belle-maman. Ce château date de 1460 et renferme pleins de mystères, le soleil était de sortie. Le château de Bon Repos semble tout droit sorti d'un livre qui raconterait l'Histoire du Moyen-Âge à des enfants. Il se dresse sur son champ, au bout de son chemin, et nous fait rêver, avec ses quatre tours coiffées d'un chapeau pointu. Son allure générale n'a presque pas changé, au fil de ses cinq siècles d'existence. Quelle émotion de monter les marches en colimaçon, là où il y a plus de 5 siècles des personnes les ont empruntées également. Dans ce château, il y a une toute petite chapelle qui a été restaurée, la scène de la Nativité est l’emblème de celle-ci, j'ai ressenti une vive émotion à ce moment, pensé à toutes ces femmes au cours des siècles qui ont mise au monde des enfants dans ce château, une bonne contraction utérine est arrivée à ce moment. La journée se termine tranquillement, en buvant une bonne infusion chaude et une tranche de brioche des rois, et je me disais peut-être que dans les prochaines heures....

C'est dans la nuit à partir de minuit que j'ai ressenti des contractions différentes, irrégulières en intensité et en fréquence, j'ai continué à dormir, puis toute la journée idem, j'ai réglé les dernières petites choses à la maison, car je sentais que les choses démarraient. A partir de 17h, les contractions régulières sont arrivées, toutes les 5 minutes, malgré le temps pluvieux et froid, nous sommes sortis marcher une heure autour du village de Haute-Jarrie, la nuit commençait à tomber, et je savais au fond de moi qu'une grande nuit m'attendait...

Les contractions commencèrent à être beaucoup plus intenses et toutes les 3 minutes, je commence à penser au trajet en voiture, nous décidons de partir à la maternité à 22H. Arrivés à la clinique, une sage-femme, Amélie nous accueille, mes contractions sont de plus en plus intenses, elle m'examine et là... grosse déception, un col à 1 doigt, très tonique mais une tête bien basse, je me dis mais que va être la suite... Amélie nous installe dans une chambre pour poursuivre le travail, elle me dit de me détendre le plus possible pour faire lâcher ce col.

Ballon, signe de l'infini, respiration de la vague, la main chaude de mon conjoint dans le dos, les contractions étaient toutes dans le dos, et je sentais mon bébé qui appuyait à chaque contraction... L'utilisation des sons m'a énormément aidé à chaque contraction, je prenais une grande inspiration, puis un long "mmmmmm" intense sortait. Il est 2 h du matin, les contractions sont toutes les minutes, je n'arrive plus à me détendre, je fatigue, je ne trouve plus de positions pour me soulager, je commence à trembler comme une feuille... Nous partons en salle d'accouchement pour faire le point, Amélie m'examine, 2 doigts, et ce col toujours tonique avec bébé qui appuie dessus... me donnant parfois l'envie de pousser. Amélie me propose la péridurale pour faire lâcher ce col, pour moi c'était un échec de la poser aussi tôt... je ne voulais pas et en même temps je commençais à manquer de force, mes contractions commencent à prendre le dessus.

2h30 pose de la péridurale... j'ai beaucoup fait rire l'équipe, "Mais c'est pas possible, moi sage-femme, je dis à toutes mes patientes de poser la péridurale le plus tard possible et moi à 3 cm je craque, je ne suis vraiment pas une warrior!!!!"."C'est pas ce que j'avais prévu moi!!!!". L'anesthésiste m'a donc posé une péridurale très faiblement dosée, je ressentais encore mes contractions douloureuses, mais plus facile à gérer. Là un long travail de 10H m'attendait... J'ai fait le vrai travail de la primipare, 1cm par heure, 2heures d'engagement, mais tout ça naturellement, sans syntocinon, mon petit bonhomme a été un vrai petit sportif, pas un seul ralentissement, pendant ces 14h de travail, un tracé parfait. Pendant ces 10 heures, la péridurale étant faiblement dosée, je n'ai pas arrêté de me mobiliser, j'ai persévéré. On m'annonçait un bébé de 4Kg500, je savais que la mobilisation de mon bassin était primordiale. J'ai pris mille et une position sur la table d'accouchement, 4 pattes, côté gauche, côté droit, assise en tailleur sur une galette à faire des millions de signes de l'infini, l'exercice des ailes de papillons, du rameur que j'avais vu en yoga, pensé à mon col qui s'ouvre à chaque contraction. La poche s'est rompue à 8 cm, et mon bébé a continué à prendre son temps, il allait bien.

Le papa, n'a pas cessé de me masser le bas du dos qui n'était pas soulagé par la péridurale, de poser sa main chaude sur mon sacrum, de respirer avec moi à chaque contraction, cela m'aidait je me calais sur lui, pendant ces 10heures il a été là près de moi, sans relâche. Pour les gens, 14 heures semblent vraiment très longues, pour moi, au final ça a passé vite, j'étais occupée, concentrée, et je pense que mon corps avait besoin de ce temps pour faire naître mon enfant.

Puis à 11H45, nous nous installons pour l'accouchement, je suis sereine, mais très fatiguée, ou vais-je trouver la force de pousser mon bébé... 40 min de poussées intenses !!! J'ai eu du mal à le faire passer au niveau des épines, puis à la 38ème minute je l'avais débloquée !!! Je remercie la deuxième sage-femme, Aurélie, de m'avoir fait confiance et de m'avoir accordée ces quelques minutes en plus pour faire naître mon enfant naturellement. J'ai senti qu'il était tout près, j'ai touché sa tête, et j'ai fondu en larme, la partie était gagnée je savais qu'il allait arriver. Une force inimaginable est montée en moi et en 2 poussées il est sorti "doucement, ne POUSSEZ PLUS! !!" j’ai senti sa tête, son épaule antérieure passée puis la deuxième et là une grande aspiration vers l'extérieur, un vide brutal dans le ventre, une délivrance... J'ai attrapé mon bébé dans les bras, son premier cri intense, vif, mon conjoint me dit "t'es une vraie chef ma puce". On a réussi !!! Tous les trois, un vrai travail d’équipe !!!

Au final, Marius pesait 3790g à la naissance, comme quoi il ne faut pas prendre peur, la grossesse s'est passée à merveille, et pour moi la nature devait faire que mon bébé aurait un poids qui correspondrait à mon bassin, seulement un bel œdème, une belle éraillure et 2 petits points. Après ce long marathon, nous étions épuisés mais quel BONHEUR !!!! Cette sensation de sentir mon bébé glisser hors de moi, je ne l'oublierai jamais c'est tellement intense, j'avais l'impression d'être dans un état de "transe" tellement d'émotions, de sensations sont là. Tous nos sens sont en éveil intense, l'odeur de l’accouchement, de notre bébé, le premier regard de notre enfant qui est si profond, ce petit poids chaud et mouillé sur notre corps, et enfin son premier cri si vigoureux !!!!

"Vivre la naissance d'un enfant est notre chance la plus accessible de saisir le sens du mot miracle".

Devenir Maman est un véritable dépassement de soi, j'ai poussé mes limites à point où je ne pensais pas, autant pour l'accouchement, que pour l'allaitement, ou j'ai failli craquée. Étant un bébé costaud, il réclamait vivement la montée de lait, alors que je dégoulinais de colostrum... Ce fut 24H de pleurs horribles, déchirant le cœur, de voir son bébé hurler de faim et ne pas pouvoir satisfaire son besoin fut un déchirement pour moi, j'avais l'impression de ne pas reconnaître mon bébé, j'étais prête à lui donner un biberon de lait artificiel pour le soulager, mais j'ai tenu bon, le papa a été là non-stop, pour le rassurer, m'aider à le consoler en attendant cette montée de lait , lui donner des dizaines et des dizaines de pipettes de colostrum... J'étais épuisée, je l'ai confié deux heures à l'équipe pour me reposer, une équipe formidable sans qui je n'aurai pas réussi, ces deux heures ont été primordiales, j'ai pu dormir, et Marius du coup a dormit également pendant ces deux heures. Nous avions tous les deux, besoin de cette pause. Et à partir de là, les tétées furent de mieux en mieux, le lait arrivait et le calme et la sérénité aussi. La journée de J3 fut un pur bonheur, pour les sage-femmes je pouvais allaiter tout le service tellement j'avais de lait, la montée de lait n'a pas été très" rigolote" mais mon bébé était bien c'était le principal. Moi qui pensais sortir en sortie précoce, ces 4 jours à la clinique Mutualiste ont été primordiaux, nous avions interdit toutes visites, nous étions tous les 3 dans notre bulle à prendre nos repères, se découvrir...

Une nouvelle vie à trois débute, nous sommes sereins et tellement heureux. Je suis également tellement fière de moi et de mon petit Marius. Tout est gravé dans ma mémoire comme dans celle de chaque femme qui devient maman. Chaque histoire est différente et toutes se répondent, du début du chemin au premier cri du bébé...Nous avons tant rêvé de toi, Marius, et tu es là !!!

 

Merci Martine TEXIER, pour tous tes cours de Yoga, qui ont préparé mon corps physiquement et m'ont permis d'avoir confiance en mon corps. Sachant que c'était un beau bébé qui s'annonçait, j'ai débuté les exercices du bassin dès le 8ème mois, 1H 1H30 tous les jours, sans relâche ; en plus d'aller à la piscine 3 fois/semaine. J'ai marché quasi 6 km par jour les derniers 15 jours avant d'accoucher. Tout ça a fait que j'étais bien dans mon corps, pas de douleurs ligamentaires, pas mal au dos, je dormais bien, me réveillant juste une ou deux fois dans la nuit. Mon corps récupèrent également très vite des suites de l'accouchement, mon périnée n'a pas trop souffert, je le ressens mieux de jour en jour, ma sangle abdominale récupère aussi très vite, je suis à J7 et quasi le ventre plat !! Je pense que tous ces cours m'ont permis d'accoucher naturellement. UN GRAND MERCI A TOI !!!

Et enfin, le plus grand des mercis au papa. Tu as été là sans relâche, à me rassurer, me soutenir, m'aider dans les moments difficiles du début de la grossesse à ce jour...Tant de mots que je pourrais dire, mais pas besoin de l'écrire tu le sais, je t'aime plus que tout au monde !! MERCI

Merci la vie...

 

Héléna, une maman épanouie, une sage-femme qui sera encore plus passionnée par son métier.