Naissance d'Isée 10 octobre 2016

Notre petite fille a glissé jusqu'à la lumière du jour

Bonjour Martine, 

J'ai l'immense joie de vous annoncer la venue au monde d'Isée, Anna, Echat.

Notre petite fille a glissé jusqu'à la lumière du jour (quoiqu'il fît nuit...) samedi 10 octobre à 20h 35.

Apparemment elle n'était pas la seule à avoir cette idée-là, à ce créneau horaire là puisqu'à Givors je l'ai su après c'était le rush ! Mais nous sommes bien tranquillement resté à la maison avec notre sage-femme.

Tout a commencé le vendredi soir, le 9 à 23h30. Gaëlle était arrivée à la maison depuis 22h avec sa fille, on avait projeté depuis 1 petit mois ce weekend end, Gaëlle m'ayant proposé un moment de détente avec un massage. La naissance dans ma tête ne se ferait pas avant la semaine prochaine, donc c'était bon. On a mangé un petit bout, on s'est restraint en papotage se disant qu'on aurait tout le weekend end pour cela et qu'il commençait à se faire tard.

Je monte aux toilettes et là... la poche des eaux se rompt sur une contraction (plus fréquentes et plus fortes depuis le dernier weekend end de Yoga et depuis la dernière séance d'acu), ca coule abondamment, un liquide chaud et clair dont je reconnais rapidement sa douce odeur. Je suis toute interloquée : je n'avais pas du tout prévu ça comme ça ! La présence de Gaëlle ne doit pas être un hasard. Je redescends, prévient Gaëlle (qui est ravie !) Habib qui ne voyait pas du tout les choses comme ça non plus (ma belle-mère qui devait être là pour s'occuper de l'ainé n'arrivait que Mardi...) ; j'appelle Roselène ma sage-femme qui décide de venir immédiatement, car étant donné la distance (1h30) elle préfère attendre à la maison. J'ai quelques contractions assez régulières mais pas plus fortes, on décide de se coucher en attendant Roselène.

Lorsqu'elle arrive, on écoute le bébé, les contractions sont bien présentes, tendent bien mon utérus, il y a bien quelque chose qui se prépare. On décide de se reposer. Il faut que je précise que la maison est donc bien habitée: Gaëlle et sa fille dorment dans la chambre de Nathaël, Nathaël dans notre chambre, et Roselène sur le canapé, car la chambre qui doit accueillir ma belle-mère est en cours de préparation, le canapé lit ikéa que nous avons acheté le jour même est encore dans son emballage... Bref en me couchant je ressens mes contractions avec joie mais je percois bien que j'ai peu d'espace physique pour accoucher, je me dis d'ailleurs qu'attendre le matin serait préférable ; et donc malgré des contractions régulières, je m'endors. Lorsque je me réveille vers 7h, je n'ai plus de contractions, je ressens un peu de stress, Roselène avait évoqué hier qu'à 12h de rupture de la poche des eaux nous partirions à Givors, lorsque je me rends aux toilettes, le liquide est légèrement teinté, ces éléments ne m'inquiètent pas vraiment mais je ne vois pas vraiment comment me mettre en travail dans de pareil circonstance. La vie dans la maison s'éveille, nous déjeunons tous ensemble, Gaëlle et Roselène font connaissance et ont mille choses à échanger. Nous n'avons encore rien décidé pour la suite, j'essaie de trouver un monitoring auprès de ma remplaçante et de ma collaboratrice (Roselène n'a pu en récupérer un à son cabinet). En attendant les réponses de mes collègues, Abib s'affaire à ce que tout le monde ne manque de rien et moi je décide d'aller faire du yoga pour me recentrer, et il y en a besoin... Je m'enracine, m'ouvre à l'infini, parle à mon bébé dont je perçois la présence. Entre temps Abib a eu ma remplaçante, elle amène à la maison le monito, et on en fait un autour d'une tasse de thé. Il est parfait, il y a même pas mal de contractions que je ressens régulières et plus fortes depuis ma séance de yoga, jusqu'à ce qu'on ait une conversation avec Roselène et Sophie sur une situation professionnelle et la justice que je traverse actuellement, à partir de là... plus rien. Pfff... Devant le monito parfait Roselène me donne feu vert jusqu'à au moins ce soir 23h30 pour rester à la maison, je prends de la pénicilline à partir de 12h.

Nous décidons d'aller faire un tour en ville avec les enfants pour acheter l'antibiotique et leur montrer le cabinet. Je sens que de m'activer me fait du bien et ça contracte un peu plus. Ça fait bizarre à la fois d'être dans mon quotidien, de croiser mes voisins tout en me disant que mon bébé sera bientôt là... J'ai du mal à me dire que je vais accoucher... Gaëlle m'invite à me connecter à cette simplicité que les femmes du monde entier vivent, elles accouchent dans leur environnement. Cette réflexion m'aide.

Au cabinet je retrouve de la teinture mère de Caulophylum (ça donne des contractions), je prends ça en plus d'huiles essentielles, de l'homéo, des tisanes, bref je prends TOUT ce que je peux pour en avoir. Et je recommence à en ressentir des bien régulières, plus fortes, chouettes, nous mangeons le repas qu'habib nous a concocté pendant la ballade, je suis confiante, ça contracte !! on décide de prendre un temps de calme pour que Nathael dorme un peu, Roselène et Habib aussi, Gaëlle me propose de me masser. Chouette ! On s'installe au soleil dans le salon baigné de lumière, la fille de Gaëlle est avec nous. Gaëlle commence c'est super de pouvoir être bichonnée comme ça ! Mais les contractions cessent pendant le massage... pfff... on a pourtant doublé les doses de teinture mère, massé les bouts de seins énergiquement, mais rien à fait... Nathaël ne s'est pas endormi et à même rapidement réveillé et agacé ce qui essayé de faire la sieste. Bon l'agitation dans la maison est bien palpable.

Roselène et moi nous isolons pour refaire le point et décider de la suite à donner. Elle m’examine : mon col est à juste juste 2 doigts, court. Super cela veut dire que s'il est nécessaire de me déclencher on le fera avec la perf et pas avant demain matin. J'ai donc jusqu'à demain 8h pour me mettre en travail. Et à partir de cela tout se met en place : Gaëlle décide de repartir, Nathaël va dormir cette nuit chez la voisine, mes parents pourront être là demain vers 10h pour s'en occuper. A partir de là j'ai envie de passer un moment avec Habib, d'aller marcher. Il n'y a qu'une ballade qui m’attire : le gouffre de l'enfer (cf photo). Oui je sais comme ça parait un peu machiavélique mais c'est un endroit avec une énergie toute particulière : on commence par monter une gorge puis on se retrouve sous un grand barrage, on monte pas mal d'escalier et puis quand on arrive en haut tout s'ouvre et s'éclaire, et puis on redescend par la forêt. Je déguste chaque moment de ce temps avec abib, je suis contente d'être avec lui et de nous offrir cette ballade à l'aube de la naissance de notre bébé. Dans la voiture je recommence à avoir des contractions régulières et puis nous commençons à marcher. Je sens toutes les tensions de mon corps se dissiper, j'ai l'impression de prendre un bain d'énergie, que tout s'harmonise à l'intérieur de moi : mon mental se calme, mon cœur s'ouvre et mes pieds se fondent dans la terre. A partir de là je lâche et j'accueille chaque contraction en étant présente à chaque sensation : je sens très bien le bas de mon utérus avec la tension qui se fait sur le segment inférieur et le col, lorsque la contraction passe je visualise de la lumière à cet endroit, je fais le mouvement de l'infini sur le col avec l'intention de l'assouplir. Au pied de l'escalier abib n'est pas très chaud à l'idée que je monte toutes ces marches, mais moi je me sens confiante, j'ai envie d'aller tout en haut pour goûter à cette autre énergie. Au fur et à mesure de la ballade les contractions se font plus fortes, je m'arrête, pratique la respiration de la vague, je prends appui avec mon front sur l'épaule d'abib. Et entre les contractions j'apprécie l'air frais que je respire, les rochers, les couleurs de l'automne dans les arbres, la hauteur des sapins qui nous surplombent. Sur la fin de la ballade, je me dis : voilà j'ai fait ce que j'avais à faire, maintenant soit ça continue soit ça s'arrête. Si ça s'arrête je referais une séance de Yoga avant de dormir et si rien d'ici demain matin, direction Givors.

 

Je m'installe dans la voiture, plus aucune douleur pendant plusieurs minutes. Je recois un message de mes parents pour l'organisation, je m'apprête à rappeler mais une contraction d'une grande intensité me fait lâcher le téléphone, je m'agrippe à ce que je peux et me retient de ne pas jurer (ce que je ferais très prochainement !). Je suis scotchée par l'intensité, ce doit être la voiture... je me dépêche de rappeler mes parents avant la prochaine, je finis la conversation en envoyant balader ma mère (qui part dans mille considérations !) car une autre vague vient me submerger...

J’ai hâte d'arriver car je ne gère rien du tout dans la voiture.

En arrivant je rentre vite à la maison, dès le premier escalier une contraction vient m'arrêter, là je ne crois plus qu'il s'agisse de la voiture je suis en travail, Roselène comprend immédiatement et commence à s'affairer. Je monte dans notre chambre, m'agrippe au ballon et essaye tant bien que mal à traverser chaque vague. Honnêtement l'intensité est telle que je n'arrive rien à mettre en place, je fais des sons mais leur seule utilité est un support pour aller du début à la fin de la contraction, j'essaie bien d'envoyer la vibration quelque part mais je n'arrive pas à en tirer un effet vibratoire pour venir m'intérioriser. Les contractions se succèdent et sont proches, je garde un petit résidu de douleurs qui ne disparait que 5 à 10 secondes ne me permettant pas de me relâcher entre chacune. Heureusement ce ne sera pas très long (mais combien de temps je ne saurais pas dire non plus !!) et je sens ensuite que je suis en fin de dilatation car c'est à nouveau gérable, elles sont moins intenses et je bénificie d'une vraie pause. Petit détail non négligeable, Abib se tenait assis devant moi sur le ballon et à chaque contraction je m'accrochais à sa taille pour m'étirer. A un moment il a dû s'absenter pour gérer un truc pour Nathaël, c'est Roselène qui a pris sa place. Au départ je croyais qu'il allait me manquer mais en fait la présence très maternante et féminine de Roselène m'a été très importante, j'ai senti comme j'ai pu plonger complètement dans ma bulle à ce moment-là alors qu'auparavant malgré la puissance de ce qui se passait en moi entre les contractions je sentais que j'étais encore alerte à ce qui se passait autour de moi. J'ai pris conscience que "ce gros câlin" que j'ai reçu de Roselène à ce moment-là, était quelque chose qui m'avait manqué pour la naissance de mon ainé.

Roselène et Abib ont fait coulé un bain à ma demande dans l'espoir que l'intensité qui persistait entre les contractions s'annule ; le temps que la baignoire se remplisse j'étais plus dans la descente du bébé, je commençais à avoir envie d'aller à la selle, mais bizarrement pour moi je ne sentais pas que c'était le bébé qui avancait, quand j'ai dit ça à Roselène, elle a souri, elle m'a dit que si c'était bien lui; c'était un moment un peu curieux, tout portait à croire que mon bébé descendait mais moi je ne sentais rien de cela à part une banale envie d'aller à la selle, franchement j'y croyais pas du tout. Roselène devant mes doutes me proposa de sentir la tête, en tant que sage-femme je me serais réjouie mais là franchement je la trouvais super loin encore !! Roselène mis sa main sur mon périnée (j'étais toujours à 4 pattes accrochée à la taille d'abib ) me proposant de venir respirer là pour pousser mon bébé, cela m'a beaucoup aidé car j'étais un peu perdue. A chaque contraction je guettais des sensations dans mon bassin et très spontanément je murmurais un "oui" à chaque contraction comme ce grand oui à la vie que l'on a vu pendant les stages. C'est devenu plus concret, je sentais la tête de mon bébé appuyer sur le sacrum, mais j'étais toujours à douter. Roselène me proposa de me retourner accroupie pour pousser en m'enroulant autour de mon bassin, j'acceptais mais sans grande conviction... j'essayer plusieurs fois mais je n'avais pas l'impression qu'il se passait grand-chose. J'avais plutôt l'impression de pousser contre une porte qui ne voulait pas s'ouvrir. J'étais un peu désespérée à ce moment-là, le sentiment de ne pas y arriver. Roselène me proposa de me mettre dans une autre position ce que j'accepta vivement, je me tournais sur la gauche, toujours accrochée à la taille d'abib et la jambe droite posée sur le bord de la baignoire. A la contraction suivante j'ai senti la tête d'Isée descendre d’un seul coup sur l'arrière du périnée et tout se débloquer, je sentais le besoin de m'étirer en même temps que je poussais. Petit hic, mon bassin sortait de l'eau, rentrait dans l'eau, sortait, rentrait. Je ne pouvais pas continuer comme cela, soit je restais immergée, soit je devais sortir (et ça cela relevait de l'impossible pour moi à ce moment-là) je suivis donc les conseils de Roselène et me remis accroupie mais cette fois ci face à elle, l'axe des hanches dans la longueur de la baignoire. Je n'ai pas trouvé cela idéal (mais aurais-je trouvé quelque chose d'idéal face à cette intensité de l'étirement de cette dernière porte !) et Isée continua de glisser étirant l'avant et l'arrière du périnée, avec cette envie irrépressible de la pousser et à la fois cette intensité qui se fait de plus en plus forte ! Roselène me demanda entre 2 contractions de ne pas pousser, et cela me parut impossible (et pourtant je l'ai demandé combien de fois à mes patientes ??) Avec un peu de recul j'ai trouvé que tout se faisait tout seul, fallait juste accepter d'ouvrir...

Puis la tête sortie, les épaules suivirent rapidement et tout son petit corps glissa hors de moi avec cet étonnant calme qui suis une telle intensité. Isée blottie dans mes bras pleura un peu. Quand j'ai vu sa petite trogne j'étais sûre qu'il s'agissait d'une fille et qu'on la nommerait Isée (bon après on en a débattu pendant 3 jours...) Elle se calma assez vite, on sortit du bain et on est allé s'installer dans le lit, elle a attrapé le sein avec beaucoup de facilité. 20H35 ! Soit 1h 50 et des brouettes après la 1ère contraction de la voiture... 3100g

Son frère n'étant pas encore couché, son père est allé le chercher et il a pu découvrir sa petite sœur avant d'aller faire dodo.

1 petit point sur le périnée pour la forme, la délivrance qui porte très bien son nom, et puis dans la douceur du foyer, on enroula Isée dans un drap de soie, et on est allé manger un bout avant que Roselène reprenne la route et nous le chemin du lit, à trois !