Noa le 11 mai 2015

Notre Noa est arrivée lundi vers 18h30. Au final tout s'est passé encore mieux que ce dont j'avais pu rêver ! Le tampon de prostaglandine a suffi et je n'ai pas eu besoin de davantage d'interventions extérieures. En quelques heures les contractions sont arrivées, rapidement très intenses et je suis passé de 3 cm à dilatation complète en 30 mn. La poussée a été un moment incroyable, d'une intensité foudroyante et magique. J'ai senti mon bébé progresser centimètre par centimètre et en quelques efforts colossaux, son papa l'a sortie de moi et mise sur mon ventre.

Le tout à pris moins de 4h, même s'il est évident que la durée n'a que peu d'importance.

Je te prépare un petit récit dès que je reviens sur terre mais sache que tu m'as été d'une aide incomparable. Je n'y serais jamais arrivée sans toi ! La sage-femme m'a tout de suite dit que j'étais une "martine texier tout craché"!

 

Voici le récit plus détaillé de la naissance de notre petite Noa.

 

J'ai eu la chance de connaître dès le départ l'état de grâce qu'est la grossesse et dont tu parles merveilleusement bien dans tes livres. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Étant quelqu'un de très cérébral, je voyais un petit peu la grossesse comme une étape nécessaire pour avoir un enfant, avec ses petits bobos, ses angoisses, ses étapes à franchir... Quelle ne fut pas ma surprise de me découvrir incroyablement sereine, les sens en éveil, ressentant cet état d'ouverture et ce bouillonnement de vie ! J'ai été également bouleversée par la relation incroyable avec le bébé qui se tisse tout en douceur jour après jour. Autant d'états émotionnels qui m'ont profondément marquée et changée à vie !

Cela me semble important de le dire car j'imagine que nous sommes beaucoup à être dans mon cas : très actives, investies dans mille projets en même temps, à cogiter pour un oui ou pour un non, angoissées, stressées... La grossesse est une formidable expérience d'ancrage et de lien à la vie, pour peu qu'on se laisse la possibilité de le ressentir.

 

Pour en venir à la naissance de Noa, j'ai eu la chance d'avoir le temps de la préparer intensément avec tes enseignements. Je me suis rapidement mise à faire du yoga et de la méditation tous les jours. Cette préparation physique et mentale m'a été indispensable pour mener à bien mon envie de vivre un enfantement le plus naturel possible. Sans cette préparation, l'intensité m'aurait fait perdre complètement pied.

A partir du 7e mois de grossesse, j'ai eu de nombreuses contractions et j'ai été arrêtée. Etant persuadée au fond de moi que mon bébé était bien et qu'il ne risquait rien, l'angoisse du corps médical m'a tout de même un peu contaminée et j'ai tout de suite senti que je fermais toutes les portes à l'intérieur pour garder mon bébé au chaud. Au début du 9e mois, comme par magie, toutes les contractions ont disparu. J'ai commencé à me dire qu'il allait falloir faire un gros travail d'ouverture des portes. J'étais tellement bien enceinte ! J'étais en pleine forme, je faisais de longues balades et l'attente était vraiment délicieuse.

La date du terme approchant, une angoisse a commencé à s'installer : et si mon bébé ne venait pas ? Moi qui travaillais depuis des mois sur le lâcher prise, j'ai réalisé que j'étais loin du but ! Malgré tout ce que j'ai pu entreprendre (montée à la Bastille au pas de course, tonte de la pelouse accroupie avec des ciseaux, lavage et relavage des vitres, acupuncture, des milliards d'enchainements debout/accroupie...), rien ne bougeait et la date du terme est arrivée. Lors du contrôle à la maternité, on nous a annoncé que le bébé n'avait plus assez de liquide amniotique et qu'ils allaient devoir déclencher le travail. J'avais beau me répéter inlassablement ce que Martine nous enseigne : "chaque bébé emprunte le chemin qui lui est propre, ce n'est pas la femme qui accouche, c'est la nature qui met au monde le bébé, il faut cultiver l'ouverture et accepter ce qui arrive", j'étais inconsolable et je suis arrivée en pleurs le lendemain matin à la maternité. Je répétais inlassablement : " ce n'est pas ce que je voulais !"

Amélie, super sage-femme, m'a mis le tampon de prostaglandines pour tenter de faire maturer le col et m'a dit qu'il resterait jusqu'au lendemain matin et que la perfusion d'ocytocine serait posée à ce moment-là. A partir de 14h, j'ai commencé à ressentir des tiraillements de plus en plus intenses dans le ventre et le dos ainsi qu'une incroyable pesanteur dans le périnée. Pourtant, au monitoring de 14h30, Amélie regarde le col et me dit que rien n'a bougé. Je retourne dans ma chambre, intimement persuadée que le travail se mettait en route. L'intensité, encore tout à fait gérable, monte rapidement d'un cran. Mon homme était rentré chez nous pour finir de préparer l'arrivée du bébé. Je l'appelle car je sens que je vais avoir besoin de lui très vite. Il revient vers 15h, comprend que le travail a démarré mais ne réalise pas tout de suite que les choses bougent très vite. Il prend le temps d'installer le tapis de yoga, de sortir les huiles essentielles, les balles de tennis et tout ce que nous avions prévu. Rien de tout cela ne nous servira !

De mon côté, je pars progressivement dans une sorte de torpeur. L'intensité monte encore et j'ai désormais du mal à marcher. Nous retournons en salle d'accouchement pour demander un ballon. Amélie nous conseille de nous mettre sous la douche pour me soulager. Il doit être 15h30 et je pense que nous avons bien passé 1h sous la douche, moi sur le ballon et Thomas à me passer de l'eau chaude sur le sacrum et sur le bas du ventre. Je suis littéralement décontenancée par ces vagues de douleur. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Elles arrivent de façon très rapprochée et ne me laissent que guère de répit. Malgré tout, j'entre progressivement dans le rythme, c'est comme une danse. Je me soule de respirations de la vague et suis stupéfaite de leur efficacité. J'essaye d'accueillir chaque contraction avec bonheur et sans résistance. Je sens que je gère mais je sens aussi qu'il va falloir encore lâcher pour que le travail avance vraiment. Au bout d'un moment, cela va trop loin pour moi. Je tente sans succès une sortie de la douche mais la douleur me cloue sur place. On appelle la sage-femme qui comprend que les choses bougent. Je n'ai pas le choix, il va falloir sortir de cette douche, m'habiller et parcourir la centaine de mètres qu'il y a entre ma chambre et les salles d'accouchement ! Ce sera au final en fauteuil car je ne peux plus marcher !

Arrivée dans la salle d'accouchement, je me hisse sur la table et me mets sur le côté dans une position improbable que je ne quitterai plus. Je suis accrochée au cou de Thomas et l'image du rocher me sauve ! Je m'accroche à lui comme à la vie. Il est mon lien au monde réel. La sage-femme réussit à m'examiner. Ouverture à 3 cm. Je suis partagée entre le "déjà, c'est génial" et le "seulement 3 !". Elle me dit que c'est super, que le travail a bel et bien démarré. Merci mais j'avais remarqué !!!

Les contractions arrivent toujours en rafales. Je demande comment ça se passe pour la péridurale. Connaissant mon souhait d'accoucher sans, elle fait diversion en me disant qu'on peut peut-être attendre 1h. A ce moment, je sens qu'il faut que je prenne une décision : soit j'arrête de lutter, de vouloir contrôler la douleur et je m'abandonne à elle, soit je lutte et je ne pourrai pas tenir. Je n'ai aucune idée de comment j'ai fait mais je choisis la première option et j'ai l'impression de sauter dans le vide. Les contractions sont toujours très intenses mais moi je ne suis plus vraiment là. Je m'efforce seulement de rester accrochée à mon précieux rocher. A ce stade-là, les sons viennent naturellement, pendant et entre les contractions. Je n'ai jamais été à l'aise avec eux pendant les séances de yoga mais là cela me porte. Très vite, je sens l'envie de pousser. Je le dis à la sage-femme qui, m'ayant examinée il y a 20 mn, n'y croit que très moyennement. Voyant que je n'ai pas d'autre choix que de répondre à ce besoin impérieux, elle m'examine à nouveau et voit qu'effectivement, je suis à dilatation totale. Elle me dit "le bébé arrive !". Je le sais déjà car je sens précisément mon bébé descendre et progresser lentement. Branle-bas de combat autour de moi : je n'ai toujours pas de cathéter, il faut installer la table pour la poussée, elle appelle du renfort. De mon côté, je pousse tant bien que mal, plus pour me soulager que pour faire sortir mon bébé. Je pense " ma pauvre, si Martine te voyait pousser comme ça !". Je suis toujours sur le côté et je sens que je suis vraiment inefficace. La sage-femme me propose de me mettre semi-assise. Cette position sera idéale pour moi. Je me sens tout à coup puissante. La douleur n'est plus là. Je sens seulement le soulagement de pousser et je sens précisément mon bébé. Je sais que tout va bien. Les contractions s'espacent et me laissent un peu de répit entre. Quel bonheur ce calme entre deux poussées ! En très peu de temps, la tête sort, je peux la toucher. Je n'en reviens toujours pas. Tout va si vite ! La sage-femme propose à Thomas de sortir lui-même le bébé de mon ventre, il hésite une demie seconde et se décide. C'est donc lui qui pose notre fille sur mon ventre. C'est un moment incroyable, il n'y a pas de mots. Il est 18h22, notre Noa est là. Il me faut un peu de temps pour réaliser. J'ai besoin que la délivrance se fasse pour me sentir disponible pour mon bébé. C'est quand la sage-femme aura fini de s'occuper de moi que je serais vraiment prête pour accueillir ma fille et vivre ce fameux premier regard. L'histoire d'amour a commencé !

 

Quelques remarques pour finir : tout le travail quotidien d'ouverture et d'assouplissement, d'ancrage, de méditation a joué un rôle crucial pour moi, tout comme le fait de connaître précisément la physiologie. Savoir ce qui se passe dans son corps permet de lutter contre la peur et sentir son bassin s'ouvrir donne de la confiance. Et l'instant présent, le lâcher prise, on s'en doute mais cela fait toute la différence ! Et il faut absolument lire le bouquin de Maïtie Trelaun sur la peur de la douleur !

Merci infiniment Martine pour ces enseignements, qui vont bien au-delà, pour ma part, de l'expérience de la naissance de ma fille.

 

Toutes mes affectueuses pensées

Emilie