Noémie le 23 juin 2015

J'ai enfin trouvé le temps de partager avec toi et les autres femmes ce beau moment de la naissance de Noémie. C'est une joie de partager ce que j'ai pu vivre car les témoignages des autres femmes m'avaient beaucoup apporté pendant ma préparation. C'est très riche d'entendre qu'ont vécu d'autres femmes et les petits "outils" qu'elles ont pu utiliser. Un grand merci à toi Martine pour tous ces petits conseils, ces techniques, cet état d'esprit par lequel tu nous guides pour se sentir prête à vivre pleinement cette mise au monde d'un petit être.

 

Ce qu'il faut savoir c'est que mes 2 précédents accouchements avaient été vécus de façon cérébrale avec beaucoup de désespoir au cours de longues heures (et mêmes jours) précédents l'accouchement. Cette fois je voulais partir sur une autre base, voir l'accouchement différemment et grâce à ta préparation, je suis arrivée très confiante en cette fin de grossesse, j'étais arrivée à avoir confiance en moi et mon bébé ce qui m'a donné l’énergie d'y croire le jour de la naissance.

 

Depuis 2 jours je sentais des petites préparations dans mon corps, le terme n’étais plus bien loin, j’étais donc rassurée de savoir que cela se préparait. Le lundi j'ai commencé à avoir quelques contractions espacées, non régulières et plus ou moins intense. J'en ai donc profité pour faire quelques exercices sur le ballon, d’élargissement du bassin, ce qui ne m'a pas empêché d'aller choisir le parquet (car nous sommes en plein travaux), de m'occuper de mes filles, je ne voulais pas penser "qu'à ça" car je sais d’expérience que ça pourrait être très long et ne veux pas m'épuiser ou me lasser : "et si c’était que pour dans 3 jours ?"

 

Jusqu'à environ 22h, les contractions sont toujours irrégulières mais peut-être un peu plus rapproché, je décide d'aller me coucher car on ne sait jamais, il faut que je me repose tant que je le peux encore. Je n'y crois pas du tout pour cette nuit. Le repos aura été de courte durée, impossible de m'endormir. L'intensité augmente d'un coup et se rapproche mais j'ai refusé tout le long de regarder la montre, ça m'avait beaucoup trop stressé lors des autres accouchements. Je me suis dit "je le sentirai bien quand il faudra partir". J'essaie quelques positions, je commence la respiration de la vague mais je n'arrive pas à la tenir très longtemps car l'intensité monte. Vers 1h du matin je prends une douche assise dans le bac de douche laissant couler l'eau sur mon ventre, c'est vraiment agréable (mais là je rêve d'une baignoire !), je respire profondément à chaque contraction et souffle très doucement. Je me sens bien à ce moment-là, je laisse venir les contractions, je les vois arriver puis elles passent, je les vis une par une. Et je me serine dans la tête : "c'est la nature qui met au monde mon bébé" et je vis les choses vraiment différemment. En sortant de la douche je dis à mon mari qu'il faut partir à la maternité, même si c'est du faux travail. Arrivée à la maternité à 2h15, les contractions se sont franchement intensifiées, dès que j'essaie de lutter, j'ai vraiment mal, et au moment où je me reprends en lâchant prise, l'intensité diminue et la contraction passe. Cette fois j'utilise la technique du son "o" qui ne me quittera plus jusqu'au bout. Nous faisons les sons tous les 2 : ça m'a beaucoup aidé que mon mari les fasse avec moi. Là c'est un soulagement comme si je pouvais extérioriser ce qui se passe en moi.

La sage-femme m'examine et immense déception : dilatation à 2 "Madame, vous habitez loin ? Vous pouvez rentrer chez vous". Et voilà que ça recommence comme les autres fois. Pourtant je commençais à y croire. Le mental revient j'ai beaucoup plus mal, je désespère. Comment à ce rythme-là et à cette intensité là je ne peux pas être plus dilatée ??? Maintenant j'ai les yeux fixés au monitoring. Heureusement que la sage-femme, avant de m'examiner, a eu la présence d'esprit de me demander si je souhaitais la péridurale : j'ai dit que j'aimerais éviter mais avec mon expérience, je ne voulais pas être déçue si je la prenais tout de même. Mais après cette annonce, je refuse donc de rentrer chez moi, c'est impensable car je ne peux plus bouger de ma position, je suis sur le côté et puis à ce moment-là je me dis "il va falloir combien de temps pour être dilatée à 3 ou 4 pour pouvoir avoir la péridural car je ne tiendrai pas des heures dans cet état". Et le mental prend le dessus, j'ai du mal à revenir dans ma bulle. Le monitoring se passe et au bout de 45 min, je sens que j'ai une envie de pousser et à la fois je perds les eaux. On appelle la sage-femme, je suis vraiment angoissée par ce qu'elle va m'annoncer. Là, grande surprise : dilatation expresse : je suis à 7, elle veut m'emmener en salle d'accouchement car elle pense que ça va être très rapide. Je suis heureuse à ce moment-là comme si j'avais gagné un marathon mais je reste un peu méfiante car à mon dernier accouchement la dilatation s'était bloquée à 7/8 pendant 2 heures. Mais je reprends confiance en moi. La sage-femme me dit : "bon là il faudrait se décider très vite pour la péridurale" puis enchaîne, "en fait ça tombe bien vous ne la vouliez pas, allez on y va, car ça ne va pas tarder". Elle aura vraiment bien fait de ne pas me laisser le choix car dans le doute peut-être aurai-je choisi de la prendre. Je continue toujours et encore les sons. Et moi qui pensais prendre le temps dans la baignoire, faire des massages, écouter de la musique de relaxation... parfois l’imprévu nous rattrape. Je passe en salle d'accouchement et de sentir cette envie de pousser me rassure. Je sens que ce n'est pas moi qui accouche, la nature accouche pour moi, je n'ai pas besoin de pousser, la poussée se fait toute seule accompagnée des sons. Je sens exactement où se trouve le bébé et il arrive très vite. Il est 4h, Noémie est posée sur moi. Je suis très émue, même euphorique de la voir. Je suis si heureuse que ce fut été si rapide, et sans péridurale. On est si bien tous les 3, c'est un moment magique.

 

Isabelle B